______________________________________Interview de Luis Haseth - 1ère partie
— Sr. - Luis, peux-tu nous faire un portrait de toi ?
— J'ai commencé à faire de la musique lorsque je suis arrivé à paris à l'âge de 17 ans.
J'ai même fait des marionnettes dans le métro avec Yuri Buenaventura. Et un jour
On s’est dit qu'on allait se lancer dans la musique que nous aimons tant.
J'ai toujours adoré la musique et pour quoi n’allais-je pas profiter de l'opportunité
D’être à Paris pour former un petit groupe. Alors, on a crée un groupe qui s'appelait
Caïman et j'ai été aussi le choriste de Yuri pendant de nombreuses années. C'est ainsi
que j'ai commencé.
— Sr. - Pourquoi Paris ?
— C'est grâce a mon père. Au départ, on voulait aller aux Etats-Unis mais mon père nous
a envoyer à Paris quand on était jeunes parce que c'est une ville où il y a une importante
culture générale, où l'on peut apprendre énormément, où il y a d'immenses richesses et
où les gens sont socialement et culturellement riches. Il a préféré voir ses enfants partir
pour Paris. Yuri est parti le premier, c’est mon père qui lui a procuré les papiers, ensuite
mon frère aîné l'a suivi et enfin je les ai rejoins.
— Sr. - Quel a été ta formation musicale ?
— J'ai plutôt eu une formation de la rue, j'ai avant tout appris sur scène mais également
dans la rue avec beaucoup d'artistes. J'ai joué avec Raul Paz, Orlando Poleo et Azuquita,
c'est grâce à eux qu'on arrive à former des groupes. Et c'est de cette manière que j'ai
pu gagner peu à peu de l'assurance jusqu'au jour où je me suis lancé pour faire mon propre
disque et je vous le présente aujourd'hui.
— Sr. - As-tu des modèles dans la musique ? Qui seront-ils ?
— Mon modèle de toujours comme pour beaucoup de Colombiens, c’est le Grupo Niche.
Depuis que je suis tout petit, je dansais sur ce groupe et je voyais mes parents les écouter
et danser sur leur musique. Tous les colombiens qui aiment la salsa vous parleront du Groupe
Niche comme une référence. J'aimerais un jour arriver là où ils sont parce que c'est un groupe
très fort et génial.
— Sr. - Y Rubén blades t'a-t-il influencé dans l'écriture de tes textes sociaux?
— Non, la partie sociale ne vient pas de là, mais plutôt de mes expériences personnelles et
non pas parce que j'ai pu entendre d'autres personnes chanter sur ces thèmes là.
Pratiquement tous les thèmes sociaux de l'album proviennent d'histoires que ma famille
et moi ont pu vivre.

______________________________________Interview de Luis Haseth - 2ème partie
— Sr. - Parlons maintenant de ton album, Esclavo Moderno. Pourquoi as-tu choisi ce titre
pour ton album? Te considère-tu comme un esclave moderne ?
— Oui, je me vois un peu comme un esclave moderne.
Je m'explique. Nous sommes tous contrôlés socialement et de manière subtile.
J'ai eu la chance de connaître plusieurs classes sociales ici à Paris,
de la plus basse à la plus haute. Et je me suis rendu compte que dans toutes les classes,
il existe une partie où personne ne peut accéder : c’est la liberté de changer, des opinions,
des pensées. C'est cette barrière que posent la politique et la manipulation.
Finalement, on peut avoir tout l'argent du monde mais on reste toujours conditionné.
C'est une barrière difficile à briser. Bon nombre de livres de métaphysique (parce
j’adore la métaphysique) arrivent à la même conclusion. Pourquoi ne pas mettre
Esclavo Moderno comme titre de mon premier album?
— Sr. - Tu alternes la salsa romantique avec la salsa sociale. Que préfères-tu ?
Ou du moins, avec laquelle te sens-tu le mieux à l'heure de composer?
— Au niveau des rythmes, je m'identifie plus avec la cumbia à travers laquelle je me
sens plus tranquille. Quant aux paroles, j'aime beaucoup la chanson El hombre y
la mujer qui est très sentimentale et elle transmet de l'espoir aux nouvelles générations.
J'ai remarqué aussi que ces derniers temps, les couples se formaient et se séparaient
très facilement alors qu'avant ce n'était pas comme ça .J'ai grandi avec l'idée qu'un couple,
une famille existaient pour toujours et aujourd'hui je vois que tout est plus futile,
presque comme un jeu.La vie t'apporte beaucoup de déceptions.
Par exemple, mes amis de toujours ne sont plus avec leurs femmes mais moi,
j'ai besoin comme homme d'y croire. Il est important de croire. sinon on perd toute
cette force que t'ont donnée tes racines.
"Je crois qu'interpréter une chanson ce n'est pas seulement la réciter
mais c'est aussi la sentir, la vivre".
— Sr. - Peux-tu nous parler de ton amitié avec Yuri Buenaventura ?
— On ne peut pas parler d'amitié. On est presque comme des frères, on a grandi ensemble.
Je me souviens encore qu'il faisait mes devoirs de l'école parce que j'étais un mauvais
élève alors que Yuri a toujours été bon. Il vivait en face de chez moi et passait une bonne
partie de son temps à la maison. On était toujours ensemble jusqu'à ses 17 ans
quand mon père l'a envoyé à paris, et à partir de là, je ne l'ai plus vu pendant quatre ans
jusqu'à son retour en Colombie.
C'est Yuri qui a enregistré les chœurs de tout l'album. Il m'a également présenté un
arrangeur, des musiciens car il a plus d'expérience que moi avec déjà trois disques
à son actif. C'est un frère pour moi.

